Etampes – Mondésir : hangar métallique à double auvent (Paindavoine)

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par Guilhem Labeeuw

A la suite de la 2ème journée de l’Aviation – Aérodrome d’Etampes – Mondésir du 18 mai 2025, notre membre Thierry Géhan présent sur le stand, par l’intermédiaire de Sylvain Goyet (Etampes Mondésir Terre D’aviation) a été mis en relation avec Gérald Kersalé, membre de l’association Etampes Mondésir Terre D’aviation et des Casques de cuir. Ce dernier nous a sollicité à propos de l’historique d’un hangar présent sur le terrain d’Etampes. Comme d’habitude, ces sollicitations nous permettent de faire avancer nos connaissances sur les infrastructures des aérodromes et parfois, comme ce fut le cas cette fois-ci nous font découvrir des infrastructures que nous ne connaissions jusqu’à présent uniquement par la littérature. Et tant mieux si nos recherches permettent en plus de soutenir le milieu associatif aéronautique local !

 

Un hangar métallique à double auvent

Le hangar en question se situe dans la partie sud des installations civiles, au niveau du giratoire d’entrée de l’aérodrome civil, sur la rue Henri Farman, le long de la N20. Une rapide vérification dans nos bases de données et sur la plateforme Géoportail nous confirme le caractère postérieur de ce hangar à la 2ème guerre mondiale et construction antérieure à 1953. En attendant de pouvoir consulter les archives départementales et et le fond DGAC aux archives nationales sur le terrain d’Etampes, nous poursuivons nos recherches avec les informations locales.

Description extérieure

  • Les dimensions du hangar font environ 38 m de large par 52 m de longueur.
  • Toiture à deux pans, recouvertes de tôles métalliques avec en partie centrale une verrière recouvrant toute la longueur du hangar
  • Les pignons sont constitués de poteaux et traverses métalliques avec remplissages en briques pleines
  • Sur les longs-pans, on distingue deux façades constituées entièrement de panneaux de portes métalliques, de remplissage différent entre les longs-pans est et ouest. Une information importante, car les hangars disposant d’ouverture de part et d’autre relèvent en général de la typologie des hangars à double auvent.

Le hangar vu depuis l’est. Photo. Gérald Kersalé

Description intérieure

  • Les photos intérieures transmises par Gérald nous en apprenne beaucoup plus et confirment nos premières impressions :
  • La charpente métallique nous interpelle d’abord par la présence en partie centrale de grandes “structures triangulées en caisson” servant de poteaux supports de grandes fermes métalliques elle-même en caisson. Ces fermes caissons triangulées, épaisses d’une largeur comprise entre 50 cm et 1 mètre portent les pannes treillis, espacées d’environ 1m80, qui supportent les tôles de couvertures. Les pannes sont à l’aplomb des poteaux des pignons. Au total 4 grands poteaux supportent toute la charpente, espacés d’environ 13 m.
  • La forme des 4 grands poteaux comporte des jambages de contreventement et leur encombrement est relativement imposant, du moins en partie centrale.
  • Les éléments de charpentes métalliques semblent composées de cornières métalliques rivetées, ce qui témoigne d’une conception relativement ancienne, comme on le faisait avant guerre. Les pannes treillis relèvent également de techniques plutôt anciennes.
  • Les portes coulissantes latérales sont différentes : celles en façade est a dû être remplacée, tandis que celle côté ouest dispose de panneaux plus caractéristiques de la période envisagée

Vue intérieure du hangar. Photo. Gérald Kersalé

La charpente métallique, bien que très présente en raison des structures formant poteaux, reste légère à la vue compte-tenu de la triangulation et dégage une impression d’espace important, mettant en valeur la largeur de ce hangar. La forme de la charpente confirme le type de hangar double auvent, avec portes latérales sur les longs-pans. Cette typologie de hangars, dite hangar à double auvent, est certes plus connue dans sa version en béton (cf. hangars type Caquot), nous ne connaissions de réalisation en version métallique que le hangar de Saint-Etienne Bouthéon construit au milieu des années 1930. La version de Saint-Etienne, bien antérieure (vers 1935), se distingue par une charpente courbe et des poteaux centraux plus étroits, le hangar en lui-même étant moins profond que celui d’Etampes.

Hangar métallique à double-auvents de Saint-Etienne – Bouthéon (1935). Source : Revue la Technique des Travaux, mars 1935

  • Nota 2A : lors du concours pour la construction du hangar Caquot de Lyon-Bron, l’entreprise Paindavoine avait proposé en juin 1931 une réponse en charpente métallique de type double avuent, dont la forme différait fortement de celle d’Etampes ou de Saint-Etienne.
  • Nota 2A : l’ingénieur Bernard Laffaille, concepteur des hangars de type Caquot à Orléans, a développé de nombreuses esquisses de hangars métalliques à double auvent aux alentours des années 1930 mais finalement restés à l’état de projets.

L’intérêt de cette disposition en double auvent est de pouvoir implanter la plus grande dimension de ces hangars (ici 52 m pour le hangar d’Etampes) de façon perpendiculaire au terrain et d’ouvrir le hangar sur les deux longs pans, permettant un accès aux taxiways plus facile. Si cet avantage était fortement lié à l’implantation des hangars sur un terrain, comme l’exemple des hangars Caquot – Laffaille d’Orléans, ce type de hangar dans leur version métallique se révélait surtout économique.

Cette identification faite, nous avons pu rapprocher ce hangar avec les plans types établis par les services techniques de l’Etat récolés par le SGACC dans l’album de hangars métalliques pour avions parus en 1947 : le préambule de l’album nous indique la date d’invention du type, aux alentours de 1943, en précisant que ce type de hangar métallique à double auvent dérivait des versions en béton inventées par Caquot. Ces hangars étaient basés sur une cellule type, que l’on pouvait assembler par deux (comme à Etampes) voire par quatre.

Hangar métallique à auvents, schéma à une et deux cellules. Source : album de hangars métalliques pour avions publié par le SGACC en février 1947

Historique du hangar d’Etampes

Les recherches se poursuivirent de notre côté par les archives de hangars du STAC, dont une référence mentionnait la réalisation de plans pour un hangar métallique double auvent par les entreprises Paindavoine. Une recherche dans le fonds d’archive de l’entreprise, fonds conservé aux Centre d’archives du monde du travail (CAMT) de Roubaix nous a permis de confirmer que l’entreprise avait établi ces plans en 1942-1943, pour le compte du service d’infrastructure du Secrétariat d’Etat à l’Aviation, corroborant les affirmations du préambule de l’album de hangars précité.

Parallèlement à ces recherches génériques, notre contact local a pu retrouver aux archives départementales le permis de construire du hangar, avec une notice de hangar Paindavoine. Le permis datant de mai 1949, l’on peut dater sa construction entre 1949 et 1950. Il est intéressant de noter que le commanditaire de l’époque était l’Etat, service des Ponts et Chaussées de Seine-et-Oise, pour le compte du SGACC/ Service de l’Aviation Légère et Sportive. Il s’agissait donc bien d’un hangar à destination d’un aéroclub, et non pour la base aérienne d’Etampes, son emplacement à l’écart de la base se justifiait donc par la même occasion.

Le plan intérieur du hangar conservé aux archives départementales nous apprend qu’en dehors des portes sur les longs pans, une porte de garage était prévue dans le pignon sud mais tout porte à croire qu’elle n’a jamais été réalisée. Tout comme les ateliers et réserves pour planeurs indiqués sur les plans dont il ne reste pas de trace actuellement dans le hangar.

plan du permis du hangar Paindavoine. source : archives départementales de l’Essonne

Enfin, la recherche d’archives au sein des services de la DGAC, notamment au SNIA qui conserve les archives du SSBA IdF, nous a donné quelques informations sur les occupations successives de ce hangar dans les années 60 à 80 par différents aéroclubs locaux :

  • aéroclub de Beauce, qui faute de hangar dédié, y stationne trois avions dans une partie du hangar Paindavoine à partir de 1958, hangar qui était géré par le Service de la formation aéronautique (SFA). Par la suite, l’aéroclub de Beauce obtient une AOT pour occuper la totalité du hangar. La situation dure jusqu’en 1973, date à laquelle l’aéroclub connaît certaines difficultés qui conduiront à une fin d’AOT en 1976
  • aéroclub Salis : stationne des avions au sein du hangar, en accord avec l’aéroclub de Beauce durant quelques années
  • aéroclub François Richet, au profit duquel une cession du hangar avait été un temps envisagé au début des années 1990

à suivre….

Plan du hangar Paindavoine (HM4) en 1969. Source : archives DGAC/SSBAIF

Autres exemplaires

Selon toute vraisemblance, un hangar de type similaire est présent sur l’aérodrome du Plessis-Belleville.

 

Illustrations

Photo : 2A/G.labeeuw

Photo : G. Kersalé

Photo : G. Kersalé

Photo : G. Kersalé

Sources : 

  • archives départementales de l’Essonne
  • archives DGAC/SNIA/SSBAIF, archives nationales
  • archives du CAMT Roubaix, fonds Paindavoine
  • IGN/ géoportail
  • album de hangars métalliques pour avions, SGACC février 1947
  • revue Architecture d’aujourd’hui, septembre 1932
  • revue La technique des travaux, mars 1935
  • photos Gérald Kersalé et 2A/G. Labeeuw

 

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