Oct 01
GL3 - Morceaux choisis

Type détaillé :
Hangar type Daydé-Jeumont, de 70m d’ouverture, surelévé en partie centrale
Lieu d’implantation
Base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué, à Trémerzin
Latitude : 47°46’20.00″N
Longitude : 3°26’30.82″O

source: googleearth
Dénominations
Désigné à sa construction par le numéro G4, ce hangar porte actuellement le n° H1
Construction
Construit par les établissements Roger Coulon entre 1951 et 1952, dans le cadre du programme de reconstruction de la base aéronavale de Lann-Bihoué, le H1 est destiné à l’origine au service Technique de la base.
Les plans du dossier de consultation ont été établis par la section construction du Service Technique des Bases Aériennes (Secrétariat Général à l’Aviation Civile et Commerciale) en 1950 sur la base de hangars d’avant guerre connus sous le nom de Daydé-Jeumont. En 1951, les établissements Roger Coulon, connus également pour des réalisations de hangars pour l’aéronavale, remportent l’appel d’offres correspondant.

Plan d’exécution du hangar H1 (Coll. DGAC/STAC)
Les hangars type Daydé-Jeumont (on voit également l’appellation Jeumont-Daydé) dont s’inspire le hangar H1 répondent à une commande des années 1935 émanant du ministère de l’Air, Service des Etudes et de la Signalisation. La structure de ces hangars métalliques est basée sur des arcs de portée 70 m, à double articulation et sous-tendu par un tirant. L’ensemble arc et tirant ainsi que les autres éléments de charpente (poteaux, pannes, contreventement) sont composés de caissons “treillis” conférant à ces structures une esthétique certaine. L’autre particularité de ces hangars réside dans la couverture, réalisée à partir de tôles métalliques, boulonnées ou soudées, dont la forme épouse une surface à double courbure dénommée hyperboloïde de révolution.

Coupes du hangar JD (Coll. Annales de l’Institut Technique)

Planche de l’album des hangars métalliques édités par le STBA en 1947

Vue aérienne d’un hangar JD à Francazals (www.bing.fr)

Intérieur d’un hangar JD à Toulouse-Francazals (source DGAC/SNIA)
Cette technique, directement inspirée des recherches sur les structures en béton développée entre autres par F. Aymond alors directeur du Service des Etudes et de la Signalisation au ministère de l’Air, permet de franchir une dizaine de mètres. Il existe encore plusieurs réalisations de ce type de hangar à Toulouse-Francazals ou à Salon-de-Provence.
Par rapport au hangar de type Daydé-Jeumont, le hangar H1 diffère par une surélévation en partie centrale, sans doute pour permettre la mise en place de ponts-roulants. Du fait de cette modification, le système de couverture en tôle si particulier aux Daydé-Jeumont n’a pas été reproduit.
Les portes roulantes du H1 sont de conception classique, en palplanches métalliques participant de façon économique à la résistance au vent. Ce système est très répandu à l’époque.

Elévation du pignon ouvert (Coll. DGAC/STAC)
Occupations successives
Rapidement après sa construction en 1952, le hangar est attribué au service Technique pour les besoins en maintenance des avions des flottilles 24F et 25F de Lancaster.
A la fin des années 80, le H1 est entièrement rénové pour accueillir la maintenance des Atlantique 2.
Il sert toujours aujourd’hui pour les besoins en maintenance de l’Atelier Industriel de l’Aéronautique.

Construction du H1 en 1951-52 (Image Marine Nationale)
Autres réalisations du même type
L’étude des plans dressés par la section construction du STBA en 1950 permet de confirmer que le hangar H1 de Lann-Bihoué est du même type que le hangar abritant le musée d’aviation de Melun-Villaroche.
Sources :
- la Gazette de Lann-Bihoué n°18
- Service Technique de l’Aviation Civile (Extrait de l’album 1947 et plans)
- Collection Aérodromes n°4 : Lorient – Lann-Bihoué
Mai 22
admin3 - Morceaux choisis, accueil
Le hangar “Caquot” de Lyon – Bron, première réalisation de hangar en béton armé de type double-auvents a été détruit en juin 2012.
Avant sa démolition, un travail de mémoire a été réalisé avec le soutien de la DGAC, des Aéroports de Lyon et avec le concours des associations Anciens Aérodromes et la SLHADA.
Ce travail s’est concrétisé par la réalisation de maquettes, visibles au siège de la DGAC, à la SLHADA ou exposées sur le stand 2A lors du dernier carrefour de l’Air en 2013, d’une visite virtuelle et d’une brochure éditée par un de nos membres, Guilhem LABEEUW.
Vous pouvez retrouver ces réalisations sur le site patrimoine aéronautique de la DGAC en cliquant sur les liens suivants :
Lien vers la brochure en lecture libre
Sep 02
GL2.2 Hangars "Type" Etampes, Hangar double-auvent, métallique, Paindavoine
par Guilhem Labeeuw

A la suite de la 2ème journée de l’Aviation – Aérodrome d’Etampes – Mondésir du 18 mai 2025, notre membre Thierry Géhan présent sur le stand, par l’intermédiaire de Sylvain Goyet (Etampes Mondésir Terre D’aviation) a été mis en relation avec Gérald Kersalé, membre de l’association Etampes Mondésir Terre D’aviation et des Casques de cuir. Ce dernier nous a sollicité à propos de l’historique d’un hangar présent sur le terrain d’Etampes. Comme d’habitude, ces sollicitations nous permettent de faire avancer nos connaissances sur les infrastructures des aérodromes et parfois, comme ce fut le cas cette fois-ci nous font découvrir des infrastructures que nous ne connaissions jusqu’à présent uniquement par la littérature. Et tant mieux si nos recherches permettent en plus de soutenir le milieu associatif aéronautique local !
Un hangar métallique à double auvent
Le hangar en question se situe dans la partie sud des installations civiles, au niveau du giratoire d’entrée de l’aérodrome civil, sur la rue Henri Farman, le long de la N20. Une rapide vérification dans nos bases de données et sur la plateforme Géoportail nous confirme le caractère postérieur de ce hangar à la 2ème guerre mondiale et construction antérieure à 1953. En attendant de pouvoir consulter les archives départementales et et le fond DGAC aux archives nationales sur le terrain d’Etampes, nous poursuivons nos recherches avec les informations locales.
Description extérieure
- Les dimensions du hangar font environ 38 m de large par 52 m de longueur.
- Toiture à deux pans, recouvertes de tôles métalliques avec en partie centrale une verrière recouvrant toute la longueur du hangar
- Les pignons sont constitués de poteaux et traverses métalliques avec remplissages en briques pleines
- Sur les longs-pans, on distingue deux façades constituées entièrement de panneaux de portes métalliques, de remplissage différent entre les longs-pans est et ouest. Une information importante, car les hangars disposant d’ouverture de part et d’autre relèvent en général de la typologie des hangars à double auvent.

Le hangar vu depuis l’est. Photo. Gérald Kersalé
Description intérieure
- Les photos intérieures transmises par Gérald nous en apprenne beaucoup plus et confirment nos premières impressions :
- La charpente métallique nous interpelle d’abord par la présence en partie centrale de grandes “structures triangulées en caisson” servant de poteaux supports de grandes fermes métalliques elle-même en caisson. Ces fermes caissons triangulées, épaisses d’une largeur comprise entre 50 cm et 1 mètre portent les pannes treillis, espacées d’environ 1m80, qui supportent les tôles de couvertures. Les pannes sont à l’aplomb des poteaux des pignons. Au total 4 grands poteaux supportent toute la charpente, espacés d’environ 13 m.
- La forme des 4 grands poteaux comporte des jambages de contreventement et leur encombrement est relativement imposant, du moins en partie centrale.
- Les éléments de charpentes métalliques semblent composées de cornières métalliques rivetées, ce qui témoigne d’une conception relativement ancienne, comme on le faisait avant guerre. Les pannes treillis relèvent également de techniques plutôt anciennes.
- Les portes coulissantes latérales sont différentes : celles en façade est a dû être remplacée, tandis que celle côté ouest dispose de panneaux plus caractéristiques de la période envisagée

Vue intérieure du hangar. Photo. Gérald Kersalé
La charpente métallique, bien que très présente en raison des structures formant poteaux, reste légère à la vue compte-tenu de la triangulation et dégage une impression d’espace important, mettant en valeur la largeur de ce hangar. La forme de la charpente confirme le type de hangar double auvent, avec portes latérales sur les longs-pans. Cette typologie de hangars, dite hangar à double auvent, est certes plus connue dans sa version en béton (cf. hangars type Caquot), nous ne connaissions de réalisation en version métallique que le hangar de Saint-Etienne Bouthéon construit au milieu des années 1930. La version de Saint-Etienne, bien antérieure (vers 1935), se distingue par une charpente courbe et des poteaux centraux plus étroits, le hangar en lui-même étant moins profond que celui d’Etampes.

Hangar métallique à double-auvents de Saint-Etienne – Bouthéon (1935). Source : Revue la Technique des Travaux, mars 1935
- Nota 2A : lors du concours pour la construction du hangar Caquot de Lyon-Bron, l’entreprise Paindavoine avait proposé en juin 1931 une réponse en charpente métallique de type double avuent, dont la forme différait fortement de celle d’Etampes ou de Saint-Etienne.
- Nota 2A : l’ingénieur Bernard Laffaille, concepteur des hangars de type Caquot à Orléans, a développé de nombreuses esquisses de hangars métalliques à double auvent aux alentours des années 1930 mais finalement restés à l’état de projets.
L’intérêt de cette disposition en double auvent est de pouvoir implanter la plus grande dimension de ces hangars (ici 52 m pour le hangar d’Etampes) de façon perpendiculaire au terrain et d’ouvrir le hangar sur les deux longs pans, permettant un accès aux taxiways plus facile. Si cet avantage était fortement lié à l’implantation des hangars sur un terrain, comme l’exemple des hangars Caquot – Laffaille d’Orléans, ce type de hangar dans leur version métallique se révélait surtout économique.
Cette identification faite, nous avons pu rapprocher ce hangar avec les plans types établis par les services techniques de l’Etat récolés par le SGACC dans l’album de hangars métalliques pour avions parus en 1947 : le préambule de l’album nous indique la date d’invention du type, aux alentours de 1943, en précisant que ce type de hangar métallique à double auvent dérivait des versions en béton inventées par Caquot. Ces hangars étaient basés sur une cellule type, que l’on pouvait assembler par deux (comme à Etampes) voire par quatre.

Hangar métallique à auvents, schéma à une et deux cellules. Source : album de hangars métalliques pour avions publié par le SGACC en février 1947
Historique du hangar d’Etampes
Les recherches se poursuivirent de notre côté par les archives de hangars du STAC, dont une référence mentionnait la réalisation de plans pour un hangar métallique double auvent par les entreprises Paindavoine. Une recherche dans le fonds d’archive de l’entreprise, fonds conservé aux Centre d’archives du monde du travail (CAMT) de Roubaix nous a permis de confirmer que l’entreprise avait établi ces plans en 1942-1943, pour le compte du service d’infrastructure du Secrétariat d’Etat à l’Aviation, corroborant les affirmations du préambule de l’album de hangars précité.
Parallèlement à ces recherches génériques, notre contact local a pu retrouver aux archives départementales le permis de construire du hangar, avec une notice de hangar Paindavoine. Le permis datant de mai 1949, l’on peut dater sa construction entre 1949 et 1950. Il est intéressant de noter que le commanditaire de l’époque était l’Etat, service des Ponts et Chaussées de Seine-et-Oise, pour le compte du SGACC/ Service de l’Aviation Légère et Sportive. Il s’agissait donc bien d’un hangar à destination d’un aéroclub, et non pour la base aérienne d’Etampes, son emplacement à l’écart de la base se justifiait donc par la même occasion.
Le plan intérieur du hangar conservé aux archives départementales nous apprend qu’en dehors des portes sur les longs pans, une porte de garage était prévue dans le pignon sud mais tout porte à croire qu’elle n’a jamais été réalisée. Tout comme les ateliers et réserves pour planeurs indiqués sur les plans dont il ne reste pas de trace actuellement dans le hangar.

plan du permis du hangar Paindavoine. source : archives départementales de l’Essonne
Enfin, la recherche d’archives au sein des services de la DGAC, notamment au SNIA qui conserve les archives du SSBA IdF, nous a donné quelques informations sur les occupations successives de ce hangar dans les années 60 à 80 par différents aéroclubs locaux :
- aéroclub de Beauce, qui faute de hangar dédié, y stationne trois avions dans une partie du hangar Paindavoine à partir de 1958, hangar qui était géré par le Service de la formation aéronautique (SFA). Par la suite, l’aéroclub de Beauce obtient une AOT pour occuper la totalité du hangar. La situation dure jusqu’en 1973, date à laquelle l’aéroclub connaît certaines difficultés qui conduiront à une fin d’AOT en 1976
- aéroclub Salis : stationne des avions au sein du hangar, en accord avec l’aéroclub de Beauce durant quelques années
- aéroclub François Richet, au profit duquel une cession du hangar avait été un temps envisagé au début des années 1990
à suivre….

Plan du hangar Paindavoine (HM4) en 1969. Source : archives DGAC/SSBAIF
Autres exemplaires
Selon toute vraisemblance, un hangar de type similaire est présent sur l’aérodrome du Plessis-Belleville.
Illustrations

Photo : 2A/G.labeeuw

Photo : G. Kersalé

Photo : G. Kersalé

Photo : G. Kersalé
Sources :
- archives départementales de l’Essonne
- archives DGAC/SNIA/SSBAIF, archives nationales
- archives du CAMT Roubaix, fonds Paindavoine
- IGN/ géoportail
- album de hangars métalliques pour avions, SGACC février 1947
- revue Architecture d’aujourd’hui, septembre 1932
- revue La technique des travaux, mars 1935
- photos Gérald Kersalé et 2A/G. Labeeuw
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